(Val-d'Oise) Une cinquantaine d'élèves bruyants bavardent, s'interpellent, se lèvent pour aller dessiner des croquis mystérieux au tableau... ils font des maths. Au milieu de cette bande d'adolescents, un chercheur en physique fondamentale, reconnaissable par sa longue tignasse de rock star. Le type de profs qui ne font pas cours, mais se contentent de répondre aux questions qu'on leur pose. " Msieur, les nombres au tableau, ils progressent de deux en deux, on dirait. -Tu en es sûr ? Vérifie avec x = 15, tu verras."
Les maths comme un jeu, une chasse au trésor mentale, c'est le principe ambitieux de l'association Maths en jeans, à l'origine du projet. Des universitaires proposent des sujets de recherche, tous plus difficiles les uns que tes autres. Les élèves sont volontaires, et à raison d'une à deux heures supplémentaires par semaine, ils explorent, tâtonnent, proposent, calculent, en un mot ils phosphorent. Objectif : ils exposeront leurs résultats lors d'un congrès, comme de vrais chercheurs. Glawdys et ses copines ont choisi un sujet d'arithmétique pure : la périodicité des décimales des inverses des nombres entiers. Elle est enthousiaste. "C'est super. Même le prof ne connaît pas la solution. On a déjà trouvé plein de choses. On a d'abord fait des divisions à la main... Maintenant, il faut trouver un nombre avec plus de 2 000 chiffres après la virgule."
La condition du succès, c'est la motivation des, élèves comme des enseignants. Yann, le prof de maths de ces apprentis-chercheurs, se félicite de l'expérience:
"Les gosses apprennent à discuter, à débattre et à s'écouter. Ils comprennent aussi la fécondité des objets mathématiques. Un vecteur, une aire cessent d'être des mots dans un cours, mais deviennent des outils dont ils ont besoin pour progresser dons leurs recherches."
M.-S. S.